Kitawaki Noboru, un artiste en quête d'universalité
Manigot Vincent
Peintre japonais de la première moitié du xxe siècle, Kitawaki Noboru (1901-1951) est un artiste dont l'œuvre-unique-est particulièrement difficile à classer. Elle illustre à elle seule le foisonnement et la richesse que connurent les avant-gardes japonaises. Du réalisme académique de ses débuts, Kitawaki se tourne au milieu des années 1930 vers le surréalisme qui lui semble plus à même de décrire une réalité qu'il ne cessera de chercher tout au long de sa carrière. Paradoxal de prime abord, ce choix est en fait un écho à l'opposition que fera Duchamp entre peintures 《rétinienne》 et 《mentale》. Fortement ancrées dans leur temps, ces œuvres mêlent aux évènements de l'époque une fantaisie qui demeure toutefois comme enchâssée dans un cadre trop étouffant pour le peintre.
Conscient que cette universalité qu'il cherche à atteindre ne peut exister que comme la somme de de 《vérités》 diverses, il étend à la fin des années 1930 très largement ses influences. Les tableaux et écrits de cette époque reflètent les recherches qu'il mène en parallèle de sa carrière : étude d'antiques textes chinois sur les origines de l'art pictural ou la divination d'une part, des mathématiques ou des propriétés de la lumière d'autre part. Ne subsiste de sa période surréaliste qu'un intérêt pour les peintures dites de 《corps-paysage》, auxquelles s'intéressera le groupe de Breton, et qui sont depuis la Renaissance un message métaphysique quant à la place de l'homme dans l'univers. Surtout, les toiles de cette époque sont le reflet de son désir de parvenir à un langage où cohabiteraient signe et signifié.
C'est également durant cette période que son soutien envers la politique japonaise se renforce ; après-guerre, les rares toiles du peintre traduiront clairement les doutes qui obscurcirent ses pensées pendant les dernières années de sa vie.