La conjonctive de cause ‘car’ en français - en comparaison avec la conjonctive de cause ‘parce que’ –
AKIHIRO
Hisae
Dans ce travail, nous proposons une étude
descriptive sur la conjonctive de cause ‘car’
comparée à la conjonctive de cause ‘parce que’.
Dans la grammaire normative, la
distinction entre les deux conjonctives est expliquée
par deux modes différents de connexion ;
‘car’
est coordonnant tandis que ‘parce que’
est subordonnant.
Pendant longtemps, cette dichotomie n’a pas été remise
en question.
En
nous appuyant sur une étude de 4 corpus écrits et oraux, nous constatons que la distinction
entre les deux dépend
avant tout d’usages
différents de la langue. Nous observons que ‘car’
est une forme
nettement favorisée à
l’écrit (littérature, presse) et à
l’oral formel
(discours, entretien,
conférence). En effet,
nous n’en attestons que très
peu d’exemples dans
l’oral informel
(dialogue quotidien).
Des
études récentes montrent que ‘parce
que’
est polysémique : d’une part, elle
fonctionne comme conjonctive de subordination, d’autre part, comme
connecteur discursif.
Certains auteurs tentent d’expliquer ce phénomène par la notion de « glissement de sens » et celle d’«
insubordination ». Cet élargissement de la fonction
de ‘parce
que’
semble permettre de
remplacer ‘car’
surtout dans l’oral informel.
Par
ailleurs, nous observons
des exemples de ‘car’
possédant des caractères
syntaxiques de subordination. Il est
intéressant de voir
que la grammaticalisation se produit
dans deux sens
opposés : d’une
part l’ ‘insubordination’
de ‘parce
que’
et d’autre part la
‘subordination’
de ‘car’.
Cependant, l’emploi
subordonnant de ‘car’
reste marginal dans le
français standard actuel: il ne s’observe que dans des usages particuliers,
tels que l’écrit littéraire
et l’oral formel des intellectuels.
Nous
concluons que la dichotomie entre la coordination et la subordination est floue et contestable. Car
il est impossible de
tracer la frontière entre les deux, face à l’hétérogénéité
de la réalité linguistique.